Le programme Erasmus, une réussite du projet européen
En juin, le projet Erasmus fêtera ses 30 ans. Créé en 1987, dans l’optique de relancer un projet européen trop « bruxellisé », ce programme d’échange universitaire est aujourd’hui considéré comme l’une des plus grandes réussites de l’Union Européenne.
Le désir d’une Europe culturelle
Lors de sa création en 1987, seuls 11 pays de la Communauté Économique Européenne (CEE, ancêtre de l’UE) ont adhéré au programme Erasmus. Aujourd’hui, les étudiants ont le choix entre 33 destinations : tous les pays de l’Union Européenne ainsi que d’autres États comme la Norvège, la Turquie, ou encore l’Islande. L’objectif était de faire se rencontrer dans le cadre de leurs études, des jeunes des quatre coins de l’Europe, pour renforcer le sentiment européen et créer ainsi des liens entre les populations. Par ce projet, on souhaitait également montrer une meilleure image d’une Europe qui apparaissait (déjà) comme trop technocratique, et éloignée des peuples.
Ainsi, environ cinq millions d’étudiants sont partis pour une durée comprise entre six mois et un an dans un autre pays européen depuis 1987.
Le projet Erasmus+, lancé en 2014, a pour objectif de faire partir 4 millions de personnes supplémentaires d’ici 2020. En effet, en plus des étudiants à l’université, peuvent désormais partir des professeurs en formation, des étudiants en lycée professionnel, du personnel administratif. Le budget fixé par l’Union Européenne entre 2014 et 2020 est de 14,4 milliards d’euros.
La France compte bien rester un des moteurs de ce projet puisqu’en 2014, une hausse de 84% du budget Erasmus a été décidée. En effet, les étudiants français sont les plus nombreux à partir étudier dans un autre pays européen. S’ils n’étaient que 3 500 à partir en 1987, ils sont aujourd’hui plus de 38 500 à tenter l’aventure chaque année. En revanche, l’Espagne reste la destination favorite des étudiants, la France arrivant troisième derrière l’Allemagne.
Les incertitudes du Brexit
L’annonce du Brexit pose également beaucoup de questions. En effet, plus de 200 000 étudiants britanniques ont bénéficié du programme depuis sa création. Jo Johnson, secrétaire d’État chargé des universités, se veut rassurant : il assure que les étudiants continueront à échanger… jusqu’en 2019. Le Royaume-Uni pourrait très bien prolonger sa participation au programme Erasmus après le Brexit, puisque rappelons que d’autres pays n’appartenant pas à l’UE en font partie. Mais pour cela encore faudrait-il que les Britanniques respectent le principe de la libre circulation des personnes. Or, au vu du « hard-Brexit » annoncé par la Première ministre Theresa May, ce scénario semble peu probable. Au grand dam des prestigieuses universités britanniques, où six universitaires sur dix viennent d’Europe : demander un visa pourrait apparaître dissuasif…
Au-delà du projet d’étudier ailleurs que dans son propre pays, Erasmus invite aussi à rencontrer des populations différentes. Et sa réussite tend à prouver que la curiosité des jeunes pour l’Europe est encore bien d’actualité. Expérience de vie ? Enrichissement de sa formation personnelle ? Chacun à ses raisons de défendre ce programme, mais in fine, la plupart des jeunes y trouvent leur compte. Comme le montrait déjà avec humour L’Auberge espagnole le film de Cédric Klapisch sorti en 2002.
Le programme Erasmus est aujourd’hui hissé au rang de symbole de la réussite européenne. Dans une Europe en déliquescence, Erasmus est un bel espoir même s’il ne suffira pas à soigner un continent en proie aux doutes et aux nationalismes.
Pour aller plus loin sur l’Europe unifiée : Dissertation guidée : Europe ou Europes ? (Major Prépa)